• Dernier jour dans le transsibérien

      

    J9. 16 Septembre, 4ème jour dans le Transsibérien Une fois de plus, je me réveille bien tard, mais peu importe. Quand je me lève, comme d'hab, tout le monde est au taquet, me pose des questions en russe, "yes, good" je réponds sans savoir du tout ce qu'il faudrait répondre. C'est mon dernier jour et va falloir profiter. Smecta est toujours là, je le prends avec moi et on joue un bon moment.

    J9. 16 Septembre, 4ème jour dans le TranssibérienOn a un super jeu qui consiste pour lui à choper la ficelle que je fais bouger au dessus de sa tête (seuls les gens qui ont un chat peuvent comprendre que ce jeu puisse occuper quelqu'un une bonne heure), j'en profite pour lui apprendre à marcher, chose qu'on oublie bien trop souvent d'apprendre aux chats (j'avais déjà essayé d'apprendre à Yoda qui se débrouillait pas mal étant donné que c'est un chat de 2m qui se prend pour un chien), pour lui c'est cool il est tout jeune donc il est très réceptif à mon apprentissage. On s'occupe comme on peut.

                                       

    Vers 13h, le petit chat doit descendre (pas tout seul hein, la dame aussi descend), alors qu'il est tout bien empaqueté dans son "sac-à-chat" avec juste sa tête qui dépasse, Natacha le ressort et sous le regard tout stressé de sa maitresse, elle le sort du train elle-même.


                                                     

    J9. 16 Septembre, 4ème jour dans le Transsibérien

    Natacha et le chat


    Après elle, une jeune russe monte dans le train. Elle parle pas anglais mais allemand, je lui dis donc la seule chose qui me reste de mes cours du collège : "ich heisse Barbara, ich wohne in Franckreich". S'ensuit une discussion un peu bizarre, mélange d'anglais, d'allemand, de russe et de francais... le premier truc qu'elle me dit c'est qu'elle adore Mylene Farmer. Tiens donc on me l'avait jamais faite celle-là, du coup on a parlé de Mylene Farmer. Elle est descendue du train juste à la ville d'après (la fille, pas Mylene Farmer). 

     

    Ça sent la fin de parcours, après elle, plus personne ne viendra à sa place et je reste avec Natacha et Alec. 

     

     

    Visite guidée 

    On a beau décrire, rien ne vaut des images pour se faire une idée, même s'il est très difficile de prendre des photos très parlantes dans un endroit si confiné, sans recul ... 


    Commençons par le commencement : mon lit 

    J9. 16 Septembre, 4ème jour dans le Transsibérien   Voilà donc ma place, mon lit, ma couchette, mon espace à moi qu'il a bien fallu partager, toujours avec plaisir évidemment ! Je suis à la place 33, voiture 6.

       La nuit, je déroule le matelas et les draps et ça devient vraiment très confortable. Au dessus, on peut un peu apercevoir la couchette de Natacha.



    Notre "compartiment" s'il en est : notre coin à nous

    J9. 16 Septembre, 4ème jour dans le Transsibérien  Deux couchettes en haut, deux en bas, une table et la fenêtre qui n'interresse que moi d'ailleurs, les paysages qui défilent ne branchent vraiment pas les autres ...

       Au bout de quelques jours, dès qu'on traverse un belle ville ou qu'on traverse un fleuve, Natacha vient me chercher, sachant que moi ça me plait, que je prends des photos et que je découvre ainsi la Russie ... 

     

     

     

            J9. 16 Septembre, 4ème jour dans le Transsibérien                              J9. 16 Septembre, 4ème jour dans le Transsibérien                               J9. 16 Septembre, 4ème jour dans le Transsibérien                                                                         

    A l'extrémité du wagon, un samovar: robinet d'eau chaude gratuite, thé et nouilles à volonté!! Notre table, chargée de nourriture que l'on partage et de provisions pour ce long voyage ...  Et notre wagon, à gauche deux couchettes longent le couloir, à droite nos quatre couchettes.


    Attention, endroit stratégique : la "salle de bain" 

    J9. 16 Septembre, 4ème jour dans le Transsibérien

       Oui, ok il s'agit d'un tout petit évier, un peu crado une fois sur deux et l'eau qui s'écoule très, très difficilement parfois ... Mais c'est là qu'il faut se laver, à l'aide de lingettes, savon et ... c'est à peu près tout. Et aussi s'habiller. Evidemment, ici, ne rien toucher et donc développer des stratégies pour tenir sur une jambe, ouvrir la porte, le robinet... devient vital. On s'y fait. (même si le rêve d'une bonne douche n'est jamais loin.. )


    Moment de poésie, bonjour : les toilettes

    J9. 16 Septembre, 4ème jour dans le Transsibérien

        Tout à côté (ah oui, faut pas être trop grand ici !!) , les toilettes, ni vraiment propres ni vraiment sales ... mais où on ne reste pas à bouquiner des heures bien assis. Il caille en plus ici. Les hôtesses du wagon, les provodniza, lavent régulièrement.



    Mon train, le n°362 

    J9. 16 Septembre, 4ème jour dans le Transsibérien

       Le numéro du train est pas au pif, les numéros paires vont à l'est. Et plus le chiffre est bas, plus le train est luxueux. On recommande souvent le n°2 (le Rossiya), ou au moins du 2 au 100. Vous comprenez donc ce que veut dire le numéro 362... Dans ce train, pas de première classe. Il s'arrête aussi dans pas mal de gares (env. 4/5 par jour). Mais il est pas cher et permet de rencontrer de chouettes russes, de découvrir la "vraie Russie"...



      

        Alors que j'écoute de la musique en regardant tranquillement défiler les couleurs de l'automne, les forêts, les rivières et les villlages au loin, voilà qu on me donne des coups de poings dans le dos !!

    J9. 16 Septembre, 4ème jour dans le Transsibérien

     Woh woh woh, qu'est-ce qui se passe? Et alors là, le show : Natacha tout sourire : "massaache!". Un massage, tiens donc, version russe alors parce que chez nous c'est sensé être agréable ! Elle me somme de me retourner et voilà qu'elle continue, en fait c'est plus bizarre que douloureux mais n'empêche qu'elle me donne plein de petits coups de poingt. Puis elle s'arrête (enfin) et attend que je la remercie : "Spassiba"

     

    Je dis souvent spassiba, c'est un des rares mots que je prononce assez correctement pour que les russes comprennent, du coup je balance des spassiba par-ci, des spassiba par-là, je dois passer et quelqu'un me gène : je m'excuse pas, j'attends qu'il comprenne et quand il se bouge : "spassiba" ! Je veux un truc, je le montre sans dire SVP, on me le donne et après : "Spassiba" ! etc ... 

     

     Mais revenons à Natacha, je la remercie et là, elle se retourne et me fait comprendre que c'est mon tour, euh... comment dire, je vais la casser avec un massage à la russe !

    J9. 16 Septembre, 4ème jour dans le Transsibérien

    Ou alors elle s'attend peut-être à un vrai massage ? BizAare !!! Et bah je fais un mélange des deux : des tout petits coups de poings, mais là elle est pas convaincue, et me fait signe que je dois taper plus fort. Me voilà donc dans un train russe à donner des grands coups de poings dans le dos d'une vieille dame. Ben y a des trucs qu on peut imaginer faire, et puis d'autres ...

     

     

    Histoire de train, le transsiberien

     Le transsibérien n'est pas un train, c'est l'ensemble des voies ferrées qui vont de Moscou à la Sibérie. A la base il n'y avait que Vladivostok comme terminus, puis ont été faites les voies qui remontent le long du Lac Baikal et du fleuve Amour (Baïkal Amour Magistral) et les voies qui vont en Chine par la Mandchourie (et dont le dernier tronçon s'appelle le Transmandchourien) et par la Mongolie (Transmongolien).


      La plus longue voie ferrée du monde est devenue nécessaire au XIXe siècle quand les grands empires ont commencé à étendre leurs industries, vers l'ouest pour l'Amérique du Nord, vers leur colonies pour l'Europe. Si la Russie voulait suivre, ça passait forcément par son propre territoire, déjà immense et notamment vers l'Eurasie intérieure (qui avait des richesses pas exploitées) et la Sibérie (partie asiatique de la Russie). La côte pacifique aussi était inexploitée. A l'heure de la machine à vapeur et des trains, quelques temps après la conquète de l'ouest américaine, la reconquète de l'est russe s'impose : en 1857, le Tsar Nicolas II décrète la construction de la voie ferrée transsiberienne, dite "Le Transsibérien".


    En 1900 : mise en service de la ligne transsibérienne. Les 9 288km séparant Moscou de Vladivostok peuvent maintenant être franchis en train en une semaine.

     

      

     Je profite une fois de plus d'un arrêt pour descendre sur le quai me dégourdir les jambes et discuter avec Elodie, Bruno et Tim.

    J9. 16 Septembre, 4ème jour dans le TranssibérienQuand on remonte dans le train, je reste avec eux, tout en sachant très bien que mes "colocs" me surveillent de loin et attendent impatiemment que je retourne avec eux. Natacha se penche régulièrement pour voir si je suis encore là et me faire un coucou genre "t'as fini avec tes potes, tu reviens avec nous maintenant ?" et Alec qui fait des allers/retours en passant 20 000 fois devant nous pour voir ce que je fais, avec qui je parle...

     

    Au bout d'une heure, c'est trop pour eux : ils viennent me chercher ! Je suis en pleine discussion, et ils se pointent tous les deux, me tapent sur l'épaule et me font signe de venir, c'est un peu lourd mais tellement gentil, ils savent que je descends du train demain donc ils veulent qu'on reste encore ensemble.
    Quand j'arrive à ma place, c'est trop mignon, ils m'ont acheté une glace ! Et pas le cornet pas cher qu'on vend partout, un vrai cornetto à l'occidental ! Bon il est un peu tout fondu, je comprends pourquoi ils avaient l'air pressé. Du coup je passe la fin de journée avec eux, à essayer de communiquer gràce au dico de Tim. 

     

     

    Partage de bons procédés et partage... de bons mets 

    Dès mon arrivée dans le train, Natacha et Lydia m'ont tout montré, où mettre mes affaires, où sont les toilettes, ma place, etc ... Elles m'ont montré que je devais, comme elles, me mettre à l'aise, quitte à se mettre en tong et en pyjama tout de suite histoire d'être bien. A chaque gare où on s'arrêtait, il y avait quelqu'un pour me dire si j'avais le temps de descendre ou non et veiller à ce que je remonte bien. Entre russes aussi, les passagers s'aident, s'entraident. Ils discutent et partagent.

    Le moment des repas est le plus sympa : chacun sort sa bouffe, fruits, légumes, charcuterie et autres mets étranges, repas tout prêt ou à faire, la petite table devient une cuisine. Et il est normal de tout partager. Evidemment la première chose que l'on propose : un "verre" de vodka. On boit à la bouteille ou pas, mais ça boit ! Au bout d'une journée on comprend aussi que dans le train, la vodka ne sert pas à tenir chaud... mais à dormir !! ça permet donc de passer le temps. Eh bah pour certains, il a dû passer bien vite ! Personne n'était complétement saoul puisque dès qu'ils ont bu, les passagers se couchent et roupillent.

    Pour ma part j'avais pas grand chose à partager mais mes colocs étaient tout contents de me proposer des spécialités. Avant de partir, à chaque fois on me laissait des trucs si bien qu'au bout de 4 semaines j'avais un pain (énorme), des bananes, des pommes, des biscuits (un peu dég), du jambon, des cornichons ... A chaque fois, on me disait "tiens, je te laisse ça, t'en as encore pour plusieurs jours de train, faut qu'tu manges !" Avec mes nouilles lyophilisées, (pratiques et pas chères donc parfaites pour moi), je leur faisais pas trop envie...

    A mon tour, en repartant, j'ai moi même laissé tous les restes (dont la plupart de choses qu'on m'avait données!) à Natacha et Alec.


     

    Dernier repas, dernier partage, ce soir c'est moi qui papote avec Natacha jusqu'à tard. Je m'endors sans vraiment réaliser que c'est ma derniere nuit dans mon lit sur rails...

     


    La rencontre du jour : Natacha. Elle est là depuis le début mais la rencontre se fait pourtant au fil des jours, durant lesquels on apprend à se connaitre et à s'apprécier. Toutes les deux on faisait ligue contre les "relous désagréables, crados, malpolis et squatteurs". Elle me considère comme un héros alors qu'elle fait Kiev/Chita à 73 ans, sur la couchette du dessus! Elle s'est occupé de moi et de tout le monde comme une grand mère pendant 4 jours. On ne se comprend pas toujours mais on rigole beaucoup, et on échange comme on peut. Pour certain c'est une vieille folle au sale carafond, pour d'autre une vieille dame vaillante pour un tel voyage. Pour moi, ça restera Natacha.


    La chanson du jour :     



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